Vendredi 9 juin 2016, il est 22h environ, alors que la France entière (il parait) soutient ses bleus devant son poste de télé ou entassé dans une « fan zone », je suis au volant de ma 306, direction plein sud vers les Pyrénées évidement ! Dans mon coffre mon vélo de route et...mes skis. Oui vous avez bien lu skis ! Le plan : bivouacer sous la pluie au col des Tentes sur les hauteurs de Gavarnie, puis le lendemain croiser les doigts pour avoir beau temps et tenter l’ascension du Taillon et/ou du Casque. Gavarnie est atteint en 2h puis enfin le col des Tentes ou je finis à deux kilomètres heures dans un brouillard à couper au couteau... Le temps est froid et maussade, la tente vite montée à la lueur des veilleuses de la voiture ayant oublié la frontale. Vers 1h du matin je m’endors paisiblement dans mon sac de couchage en pensant au lendemain.
5h30, c’est déjà le lendemain ? Oui déjà, j’avais pourtant réglé le réveil sur 7h mais n’arrivant plus à dormir suite à quelques arrivées fracassantes sur le parking de montagnards matinaux et bruyants impossible de refermer l’œil... Tant pis je me lève, la journée n’en sera que meilleure !
Le temps s’est considérablement amélioré comme prévu par la météo, et c’est avec bonheur que je profite de la vue imprenable sur l’imposante face nord du Taillon et sur les autres sommets du cirque émergeants d’une belle mer de nuages. La suite est habituelle : petit déjeuner, pliage du bivouac, finition du sac à dos, vérification du matériel, tout ces gestes répétés tant de fois, mais aujourd’hui tout semble pourtant plus long, comme si je redoutais le moment au je vais devoir me lancer...seul. Puis le moment arrive, il est environ 6h30, je pars skis sur le sac en direction du port de Boucharo. La route est vite avalée, et environ 5 minutes après avoir franchi le port de Boucharo je chausse les skis quasiment à l’aplomb du glacier des Gabiétous. Le début est tranquille, je me laisse glisser paisiblement à l’horizontale en traversant la large base de la face nord du Taillon, la vue est magnifique, les nuages poussés par le vent dansent et coulent le long des murailles, la neige reflète les lueurs orangées du matin, à perte de vue des sommets émergent de la mer de nuage... je sais pourquoi je suis là, je n’ai jamais été aussi vivant que dans ces moments là. La neige durci à mesure que je monte, et avant de me retrouver dans une position inconfortable je sors les couteaux que je monte sur mes skis. Bon choix, la pente se redresse sous le déversoir du glacier du Taillon et la neige est plutôt dure. Je progresse rapidement et je débouche au col des Sarradets pour une vue inoubliable sur les sommets du Cirque inondés de soleil à ses heures matinales. Je continu vers le refuge, puis après une courte pause pour repérer l’itinéraire de monté je m’élance vers la Brèche de Roland. Le premier ressaut est vite avalé, je débouche alors au pied de la Brèche et marque une pause pour contempler le spectacle, il est des endroits comme celui là ou on a beau y’ être déjà venu plusieurs fois on est toujours saisis par la beauté et la démesure. Les derniers mètres me séparant de l’Espagne sont vite franchis, et environ 2h après avoir quitté le col des Tentes me voici à la Brèche de Roland seul ! C’est assez rare pour être souligné, étant certainement l’un des lieux les plus fréquenté des Pyrénées. Je resterai ainsi plus d’une heure à profiter de l’instant et de la vue sur cette mer de nuage qui a visiblement décidé de ne pas se déchirer trop vite. Instant pensif, contemplatif, exactement ce que je recherchai en venant ici tout seul. Rejoint par un groupe de randonneurs dubitatif en voyant mes skis, je reprends mon chemin coté Espagnol ou la neige a commencé à prendre le soleil et à ramollir pendant ma pause. Une première descente effectuée « avec le frein à main », n’étant pas un grand skieur, je peine à prendre confiance mais quelques virages enchainés proprement me rassurent pour la suite de la journée. Quelques 200m plus bas je remets les peaux sur les skis pour monter en direction du col des Isards, puis du sommet du Casque. Un coup d’œil vers la face sud du Taillon me conforte dans mon choix, heureusement que je ne suis pas partis là bas, ou les éboulis rivalisent à égalité avec la neige... La montée au col est facile et beaucoup moins impressionnante et raide que vue depuis la brèche, me voilà rassuré. J’entame alors l’ascension finale du sommet, d’abord par une traversée pénible dans une neige très lourde puis ensuite en zig zag dans les pentes sud est du Casque. Je débouche alors dans une partie un peu plus exposé et décide alors de laisser les skis ici au profit de mes crampons et de mon piolet avec lesquels je serais beaucoup plus à l’aise. Ces derniers mètres sont pénibles, entre l’altitude et la neige lourde mes pas se raccourcissent, le rythme effréné du ski laisse place au pas de l’altitude. J’arrive ensuite au pied d’un dernier petit ressaut rocheux ou il faut chercher un peu l’itinéraire et mettre parfois les mains dans les rochers. Quelques mètres dans ce terrain et me voici au sommet du Casque ! L’ambiance est hivernale, du vent et du brouillard, je suis en plein dans un nuage... Ce n’est pas aujourd’hui que je pourrais profiter de l’une des plus belles vues plongeante sur le cirque, mais ce n’est pas grave je profite tout de même de l’instant, seul sur un sommet que je n’avais encore jamais gravi à 3001m d’altitude. Impression de bout du monde, solitude absolue, réduction du monde horizontal à quelques mètres carrés, le vent, la neige... le bonheur éphémère du sommet. Quelques photos et me voici déjà en route pour la descente. Je récupère mes skis, j’enlève mes peaux et me voici repartis en sens inverse. Sous le col des Isards, la neige est tout juste décaillée (fondue en surface) et je prends du plaisir en enchainant les virages. En quelques minutes je me retrouve en contrebas de la Brèche, vers laquelle je remonte alors après avoir remis les peaux. Il est 12h30, je suis de retour à la Brèche pour un pique nique mérité en compagnie des Chocards qui se donnent en spectacle, à quelques mètres de moi en surplace au milieu de la Brèche traversée par un vent de sud soutenu. Je profite encore de l’instant, rejoint par beaucoup de randonneurs d’un coté comme de l’autre de la brèche. Je n’aurais pas cru voir autant de monde en ce début Juin. Puis, le ciel étant de plus en plus menaçant, je remonte sur mes skis pour la dernière descente. La neige est très mole au dessus du refuge, mais ça passe très bien et le plaisir est là. Le mur sous le glacier du Taillon a moins pris le soleil : un régal ! Mais trop court, me voici déjà au pied de la face nord du Taillon, que je traverse au maximum sur mes skis, en mode : je pousse sur les bâtons ! Je finis par charger les skis sur le sac et regagne ainsi le port de Boucharo puis le col des tentes pour une sieste dans l’herbe. La journée s’achève par la désormais traditionnelle crêpe au chocolat en terrasse du bar des glaciers à Gavarnie, face au cirque toujours aussi envoutant...
Le lendemain, les skis resteront dans la voiture. Aujourd’hui vélo de route pour l’ascension mythique du col du Tourmalet suivie par la monté à Luz Ardiden : deux gros morceaux du cyclisme Pyrénéen !
5h30, c’est déjà le lendemain ? Oui déjà, j’avais pourtant réglé le réveil sur 7h mais n’arrivant plus à dormir suite à quelques arrivées fracassantes sur le parking de montagnards matinaux et bruyants impossible de refermer l’œil... Tant pis je me lève, la journée n’en sera que meilleure !
Le temps s’est considérablement amélioré comme prévu par la météo, et c’est avec bonheur que je profite de la vue imprenable sur l’imposante face nord du Taillon et sur les autres sommets du cirque émergeants d’une belle mer de nuages. La suite est habituelle : petit déjeuner, pliage du bivouac, finition du sac à dos, vérification du matériel, tout ces gestes répétés tant de fois, mais aujourd’hui tout semble pourtant plus long, comme si je redoutais le moment au je vais devoir me lancer...seul. Puis le moment arrive, il est environ 6h30, je pars skis sur le sac en direction du port de Boucharo. La route est vite avalée, et environ 5 minutes après avoir franchi le port de Boucharo je chausse les skis quasiment à l’aplomb du glacier des Gabiétous. Le début est tranquille, je me laisse glisser paisiblement à l’horizontale en traversant la large base de la face nord du Taillon, la vue est magnifique, les nuages poussés par le vent dansent et coulent le long des murailles, la neige reflète les lueurs orangées du matin, à perte de vue des sommets émergent de la mer de nuage... je sais pourquoi je suis là, je n’ai jamais été aussi vivant que dans ces moments là. La neige durci à mesure que je monte, et avant de me retrouver dans une position inconfortable je sors les couteaux que je monte sur mes skis. Bon choix, la pente se redresse sous le déversoir du glacier du Taillon et la neige est plutôt dure. Je progresse rapidement et je débouche au col des Sarradets pour une vue inoubliable sur les sommets du Cirque inondés de soleil à ses heures matinales. Je continu vers le refuge, puis après une courte pause pour repérer l’itinéraire de monté je m’élance vers la Brèche de Roland. Le premier ressaut est vite avalé, je débouche alors au pied de la Brèche et marque une pause pour contempler le spectacle, il est des endroits comme celui là ou on a beau y’ être déjà venu plusieurs fois on est toujours saisis par la beauté et la démesure. Les derniers mètres me séparant de l’Espagne sont vite franchis, et environ 2h après avoir quitté le col des Tentes me voici à la Brèche de Roland seul ! C’est assez rare pour être souligné, étant certainement l’un des lieux les plus fréquenté des Pyrénées. Je resterai ainsi plus d’une heure à profiter de l’instant et de la vue sur cette mer de nuage qui a visiblement décidé de ne pas se déchirer trop vite. Instant pensif, contemplatif, exactement ce que je recherchai en venant ici tout seul. Rejoint par un groupe de randonneurs dubitatif en voyant mes skis, je reprends mon chemin coté Espagnol ou la neige a commencé à prendre le soleil et à ramollir pendant ma pause. Une première descente effectuée « avec le frein à main », n’étant pas un grand skieur, je peine à prendre confiance mais quelques virages enchainés proprement me rassurent pour la suite de la journée. Quelques 200m plus bas je remets les peaux sur les skis pour monter en direction du col des Isards, puis du sommet du Casque. Un coup d’œil vers la face sud du Taillon me conforte dans mon choix, heureusement que je ne suis pas partis là bas, ou les éboulis rivalisent à égalité avec la neige... La montée au col est facile et beaucoup moins impressionnante et raide que vue depuis la brèche, me voilà rassuré. J’entame alors l’ascension finale du sommet, d’abord par une traversée pénible dans une neige très lourde puis ensuite en zig zag dans les pentes sud est du Casque. Je débouche alors dans une partie un peu plus exposé et décide alors de laisser les skis ici au profit de mes crampons et de mon piolet avec lesquels je serais beaucoup plus à l’aise. Ces derniers mètres sont pénibles, entre l’altitude et la neige lourde mes pas se raccourcissent, le rythme effréné du ski laisse place au pas de l’altitude. J’arrive ensuite au pied d’un dernier petit ressaut rocheux ou il faut chercher un peu l’itinéraire et mettre parfois les mains dans les rochers. Quelques mètres dans ce terrain et me voici au sommet du Casque ! L’ambiance est hivernale, du vent et du brouillard, je suis en plein dans un nuage... Ce n’est pas aujourd’hui que je pourrais profiter de l’une des plus belles vues plongeante sur le cirque, mais ce n’est pas grave je profite tout de même de l’instant, seul sur un sommet que je n’avais encore jamais gravi à 3001m d’altitude. Impression de bout du monde, solitude absolue, réduction du monde horizontal à quelques mètres carrés, le vent, la neige... le bonheur éphémère du sommet. Quelques photos et me voici déjà en route pour la descente. Je récupère mes skis, j’enlève mes peaux et me voici repartis en sens inverse. Sous le col des Isards, la neige est tout juste décaillée (fondue en surface) et je prends du plaisir en enchainant les virages. En quelques minutes je me retrouve en contrebas de la Brèche, vers laquelle je remonte alors après avoir remis les peaux. Il est 12h30, je suis de retour à la Brèche pour un pique nique mérité en compagnie des Chocards qui se donnent en spectacle, à quelques mètres de moi en surplace au milieu de la Brèche traversée par un vent de sud soutenu. Je profite encore de l’instant, rejoint par beaucoup de randonneurs d’un coté comme de l’autre de la brèche. Je n’aurais pas cru voir autant de monde en ce début Juin. Puis, le ciel étant de plus en plus menaçant, je remonte sur mes skis pour la dernière descente. La neige est très mole au dessus du refuge, mais ça passe très bien et le plaisir est là. Le mur sous le glacier du Taillon a moins pris le soleil : un régal ! Mais trop court, me voici déjà au pied de la face nord du Taillon, que je traverse au maximum sur mes skis, en mode : je pousse sur les bâtons ! Je finis par charger les skis sur le sac et regagne ainsi le port de Boucharo puis le col des tentes pour une sieste dans l’herbe. La journée s’achève par la désormais traditionnelle crêpe au chocolat en terrasse du bar des glaciers à Gavarnie, face au cirque toujours aussi envoutant...
Le lendemain, les skis resteront dans la voiture. Aujourd’hui vélo de route pour l’ascension mythique du col du Tourmalet suivie par la monté à Luz Ardiden : deux gros morceaux du cyclisme Pyrénéen !