Dimanche : Nous partons cette fois dans le très joli vallon d’Estaragne, le décor change par rapport à la vallée de Cap de Long, direction le Pic de Alharisses pour la voie « Vino tinto es mejor que EPO ». La marche d’approche nous réveille et me fait penser à une phrase de Sylvain Tesson, qui considère que dans la vie il faut trois ingrédients : du soleil, un belvédère et dans les jambes le souvenir lactique de l’effort. Pour le belvédère il est encore un peu tôt, mais nous avons déjà le soleil et le souvenir lactique de l’effort de la veille... Bref la montée est parfois rude dans des sentiers bien raides et s’achève par une traversée de gros éboulis. Nous discutons un moment au pied de la voie pour trouver le départ. Le topo n’est pas très clair, l’endroit est sauvage, la voie peu répétée. Nous parvenons tout de même à une conclusion et je parviens même à observer un piton (cité dans le topo) au dessus d’un surplomb grâce au zoom de mon appareil photo, la première longueur semble bien ici. Isa se lance donc, étant la plus expérimentée. Dès les premiers pas c’est peu commode, la première fissure que nous avions identifiée pour poser un premier coinceur ne le permet finalement pas du tout et quand à la grande fissure oblique décrite par le topo... et bien c’est un peu la même chose. Elle parviendra tout de même à y placer un petit coinceur et deux friends, avant d’attaquer une zone de rochers compacts amenant sur une vire apparemment bien pourrie, elle râle mais continue et arrive sous le surplomb. Je la guide pour lui indiquer l’emplacement du fameux piton qui n’est pas facile à atteindre, les prises de pieds n’étant pas très bonnes d’après ce que l’on comprend des plaintes d’Isa... ca promet ! Et cela ne s’améliore guère, elle atteint le piton et nous lance : mais il est pourri ce piton ! Pfffff à entendre ces paroles mon moral frôle le 0.... Je vais aller là dedans moi ? Isa continue tout de même, se plaignant de son mental d’huitre.... moi je dirais plutôt mental de requin à cet instant ! Après s’être rétablie au dessus du surplomb protégée seulement par ce piton sournois, elle parvient à poser un friends.... Ouff nous sommes tous soulagés. La suite, un petit dièdre herbeux et relais sur deux pitons (bons cette fois)... A mon tour de démarrer, je ne fait pas le fier, mon moral est déjà quelque peut entamé. Je monte, doucement mais je monte, je ne passe pas tout à fait aux mêmes endroits qu’Isa, je me protège tant bien que mal jusqu’à la fameuse zone compacte, que je grimpe en faisant très attention et en testant toute les prises... et je fais bien de les tester, à un moment un gros bloc se dérobera sous mon pied gauche ! Je continue et arrive sur la fameuse vire, je confirme le constat d’Isa, c’est bien pourri, de l’herbe, de la terre et des rochers branlants.... J’approche du surplomb, je clipe le piton et là je me dis que c’est quand même pas terrible du tout, je ne veux pas prendre ce risque, dépasser le surplomb et me rétablir au dessus. Au même moment Isa me propose de me lancer un brin de corde et de m’assurer depuis le haut, j’accepte tout de suite ! Une fois assuré depuis le haut et après une petite frayeur au moment de m’encorder, je terminerai la longueur sans encombre. Une fois au relai, Isa propose de nous échapper en me montrant le relais sur lequel une sangle et un maillon rapide témoignent du même scenario pour nos prédécesseurs : réchappe ! Une fois de plus je ne discute pas et dis oui tout de suite, plus envie de continuer, la première longueur nous a épuisé mentalement pour finalement aucun plaisir de grimpe : rocher pas forcément bon voire mauvais par endroits, difficile à protéger, grimpe peu commode... Nous tirons un rappel après avoir vérifié les deux pitons et renforcé par une sangle et un maillon neufs.
En quelques minutes nous sommes en bas, de nouveau au soleil et soulagés ! Il est déjà midi, nous prenons le temps de partager un bon petit pique nique sous les yeux des marmottes !
Retour au barrage en début d’après midi, remis de nos émotions nous irons faire les deux premières longueurs de Carpe Diem, une très belle voie équipée à quelques pas du barrage et du Garlitz ! Une belle façon de finir notre journée !