Pour ce dernier weekend de mes vacances je suis rejoins par Eloïse avec qui nous prévoyons d’aller grimper la Pique Longue du Vignemale par la voie normale. Vendredi soir le constat n’est pas très encourageant niveau météo, le samedi est annoncé maussade voire carrément pourri, cependant un créneau semblant se dessiner pour dimanche, nous décidons tout de même de tenter notre chance, des places au refuge de Baysselance s’étant libérées... On verra bien ! Samedi, nous faisons route intégralement sous la pluie, pas de chance pour Eloïse qui n’est jamais venue dans les Pyrénées... Plus nous approchons de Gavarnie plus l’ambiance est humide. Le torrent n’a pas sa couleur turquoise habituelle mais ressemble plutôt à une coulée de boue et de galets... Je commence à me demander si il est bien raisonnable de prendre la route jusqu’au barrage d’Ossoue ! Nous nous y engageons tout de même et après la séance de 306 4x4 (qui commence à devenir habituelle...) nous arrivons au barrage d’Ossoue sous une pluie battante ! Il est midi, nous mangeons en attendant le dernier moment pour partir et en espérant que la pluie se calme... Vers 13h nous commençons à sérieusement douter et on parle même de plan B... Nous sommes heureusement distrait par des vaches qui tournent dehors et qui « goutent » ma voiture (oui visiblement une 306 c’est bon), au moins ca nous fait penser à autre chose que la pluie ! Puis vers 14h la pluie s’arrête, en 5 minutes nous décidons de tenter le coup, nous terminons nos sacs et 10 minutes après nous voilà déjà en route à la hauteur du barrage. Nous aurons raison, les 2h30 de montée à Baysselance ne seront ponctuées que de quelques gouttes, pas même de quoi déplier le parapluie que j’emporte pour la première foi en montagne... De plus nous sommes seuls sur le sentier et l’ambiance est carrément sympa, on s’imagine au bout du monde dans ces landes détrempées et ces nappes de brouillard. La montagne par mauvais temps ça peut aussi être beau ! Autre avantage du mauvais temps, le refuge n’est pas complet, la soirée en sera que plus agréable. Dimanche matin petit déjeuner à 6h, un coup d’œil dehors, les étoiles sont bien là au dessus de quelques mètres d’épaisseur de nuages, il fait grand beau en altitude ! Nous partons vers 6h30 du refuge et environ 15 minutes après nous apercevons le bas du glacier d’Ossoue inondé des lueurs rosées du matin qui semble tout proche. Il nous faudra encore environ 1h d’efforts pour prendre pied sur la glace, il n’y a quasiment plus de neige, et c’est sur une glace vive, bleutée et plutôt dure qu’Eloïse fera ses premiers pas crampons aux pieds ! Nous remontons tranquillement la première partie du glacier qui est la plus raide, enjambons quelques crevasses bien visibles et nous voici déjà sur la partie plate du glacier. Toujours pas de neige, nous pouvons ainsi observer les « moulins » sorte de grand trous verticaux creusés par les eaux de ruissellement de surface du glacier. Ces trous sont très profonds, plusieurs dizaines de mètres probablement, l’épaisseur du glacier étant estimée, à cet endroit là, à environ 40m. De quoi faire réfléchir quand on sait que nombre de personnes passent ici en milieu de saison sans équipement alors que ces moulins sont cachés par de fragiles ponts de neige... Nous gagnons ensuite la partie supérieure du glacier adossée à la paroi sud du Vignemale, la neige est encore présente mais plus pour longtemps. La rimaye est atteinte vers 9h, nous laissons là crampons et piolet et commençons la dernière partie de l’ascension qui consiste à grimper dans un couloir délité sur environ 100m de dénivelé. Nous apprécions être seulement 6 au même moment dans cette cheminée, les chutes de pierres étant le principal danger ici. Eloïse est un peu impressionnée ici, il faut tout de même escalader un petit peu, nous prenons donc notre temps pour trouver le cheminement le plus simple et dans le meilleur rocher possible. Vers 10h nous sommes au sommet de la Pique longue du Vignemale 3298m ! L’horaire est respecté, la vue est magnifique et nous sommes seulement 6 à partager l’instant ! Petit tour d’horizon des sommets environnants, puis vers 10h30 nous attaquons la descente. Nous ressortons la corde, pour rassurer Eloïse. Nous revenons à la rimaye, récupérons le matériel et entamons la descente sur le glacier en croisant les cordées parties « à la journée » depuis le barrage d’Ossoue. La descente se fera ensuite sans encombre, dans l’horaire prévu, nous offrant même le loisir de partager une bonne bière à Gavarnie avec vue imprenable sur le cirque ! Retour ensuite difficile, voire très difficile à Toulouse, il pleut il fait 17 degrés, et demain nous reprenons le travail...