Aujourd’hui direction l’Ariège pour une journée de grimpe en grande voie au Quié de Sinsat dans le secteur Peppermint. Nous sommes 8 aujourd’hui, une cordée dans Es Acabat, une cordée dans Peppermint et deux cordées dans Lisa dont nous (Cricri et moi). Lisa comportant une longueur en 6b+ et une autre en 6b pas mal de questions trottent dans ma tête au moment de l’attaque de la marche d’approche…. Je pars néanmoins en me disant : « on verra bien, au pire je tirerai sur les dégaines ! » La raideur du chemin d’accès me laissera d’ailleurs tout le temps de méditer là-dessus et de parfaire mon/notre échauffement. Ici la marche d’approche ce n’est pas les vacances ! Lisa c’est 280m de grimpe en 8 longueurs : 6b+ / 6a / 5c+/ 5b / 6a+ / 6b / 5c / 6a. Arrivés chauds au pied de la voie, je suis rassuré en voyant l’allure de la première longueur qui sera la plus difficile de la journée, le pas en 6b+ semble faisable et en plus il y’a un bout de ficelle qui traine sur un point de quoi se hisser si les prises de mains viennent à manquer. Cricri part en tête et parvient sans difficultés à passer le fameux pas, néanmoins une erreur de lecture d’itinéraire le privera plus haut d’un enchainement complet de la longueur, dommage mais pas grave. Je pars en suivant, je ne me pose pas trop de questions en arrivant sur le pas, 6b+, d’entrée de jeu le matin, je préfère tirer sur la cordelette laissée dans le point, d’autant que plus haut une petite partie de grimpe dans une « ranfougne » (grimpe en coincement du corps complet dans une grande écaille) mal commode avec le sac à dos m’entamera copieusement les bras! Cricri continue en tête dans la longueur suivante de manière à prendre un peu d’avance sur la cordée suivante pour ne pas les gêner. Parfait pour moi, ça me laissera tout le temps de finir de me réveiller, mentalement c’est un peu dur aujourd’hui… Je pars donc en tête dans la 3ème longueur en 5c+, d’abord le long d’une sorte d’éperon puis ensuite dans un petit dièdre et pour finir dans une dalle. Le mental revient tout de suite, et je grimpe mieux. Puis l’escalade étai jusqu’ici très belle et très agréable, encore différente de ce que nous avons fait dans les Calanques il y’a deux semaines bien qu’on soit aussi dans du calcaire. La longueur suivante en 5b est courte et traverse une sorte de terrasse à mi paroi permettant d’accéder au pied du deuxième ressaut et au départ de la 5ème longueur en 6a+ dans laquelle je pars en tête. Grosse concentration au début le premier point étant assez loin bien que facile à atteindre en « dulffer » le long d’une très bonne fissure. Ensuite la difficulté montera progressivement, d’abord un petit dièdre, puis une petite traversée fine sur la droite pour accéder au départ d’une sorte de petit dièdre / toit incliné à gauche. Là les choses se corsent, on est bien dans du 6a+… Les mains se font plus petites et les mouvements pus complexes. Mais je prends mon temps, j’arrive à me reposer et je parviens à la sortie du petit dièdre, au dernier pas très « dalleux » sous le relais. Là je prend mon temps, je me dit qu’il serait dommage d’échouer ici ayant enchainé tout le reste. J’observe bien je me force à ne pas prendre la dégaine dans la main et par des petits mouvements de pieds et aussi bien aidé par ma taille je parviens à saisir un super écaille main gauche me permettant de m’extraire de ce pas et d’atteindre le relais ! Je pousse un cri de joie, je viens de réaliser là mon 2ème 6a+ à vue ! Encore une bien belle longueur dans cette voie ! Cricri prend le relais dans longueur suivante plus difficile (6b) et très dalleuse (sur de très petites prises), enchainement sans problème pour lui, ce sera plus difficile pour moi en moulinette, mais je ne m’en sortirai pas si mal au final, en réussissant tous les mouvements sans m’aider de la corde. Ne reste plus que deux longueurs la septième pour moi en 5c qui passera sans trop de difficultés (après la précédente en 6b) mais somme toute équipée assez engagée (points espacés) et la dernière en 6a pour Cricri qui nous laissera quelques sueurs froides à tous les deux (surtout lui en tête), la fatigue y ‘étant peut être pour quelque chose… ! Nous parvenons au sommet, ou Blanca et Carmélo en ont eux aussi terminé avec Peppermint, nous profitons du soleil et échangeons sur nos voies respectives. Retour ensuite au pied de la voie en 5 rappels, puis encore environ 1h de marche jusqu’à la voiture. De retour au parking nous partagerons quelques bières et autres « tortillas » espagnoles, toujours dans la bonne humeur ayant été rejoins par Fanny qui a visiblement bien récupéré de son lumbago (voir article précédent sur la goulotte Génépy au Petit Péric) et qui a trouvé quelques sardines au fond de l’Ariège…. !
Et c’est reparti avec la fine équipe ce weekend ! Pour continuer dans la lancée de notre super séjour dans les Calanques, on se retrouve en ce samedi matin Fanny, Blanca, Cricri et moi du coté de Fanjeaux dans l’Ariège, direction la montagne cette fois avec pour objectif la goulotte du Génépy (D-) au Petit Péric. Changement d’ambiance par rapport au weekend dans les Calanques, nous partons cette fois en ski et chargé comme des mules avec tout le matériel de bivouac et d’alpinisme… Les premiers mètres de dénivelés à remonter les pistes de ski de Formiguère font vite chauffer les muscles, d’autant qu’un soleil radieux nous inonde de chaleur et de lumière… Ce sont les premiers mètres pour moi avec mes propres skis de randonnée, les sensations sont bonnes malgré le poids du sac, nous avançons lentement mais surement. La montée sera ponctuée par la découverte d’un iphone, qui à visiblement passé tout l’hiver ici dans la neige (marche-t-il encore ??), puis sur le haut par quelques portions sans neige obligeant à déchausser plusieurs fois. Nous atteignons le sommet de la station, la Serre Mauri à 2400m d’altitude, vers une heure de l’après midi. Pause déjeuner face au Petit Péric ou nous pouvons admirer et étudier la voie prévue le lendemain : la goulotte du Génépy qui semble encore offrir suffisamment de glace dans sa première partie, tandis que sa seconde partie semble plutôt être du terrain mixte : neige, glace, rocher et touffes d’herbes… Après cette pause déjeuner nous entamons une courte descente vers le refuge des Camporells, tout comme Cricri je tente de descendre en gardant les peaux sous les skis mais j’en serais vite dissuadé et je terminerai à pied avec Blanca et Fanny. Quelques minutes plus tard, après avoir dépassé le refuge et remontés quelques dizaines de mètres de dénivelé nous voici au lieu de bivouac, l’endroit est rêvé, un petit bosquet de pins à crochet offre une pelouse jaunie par l’hiver mais vierge de neige, le tout à proximité d’un petit lac glacé et à moins de 15 minutes du départ de la voie….que voulez-vous de plus ? L’après midi sera consacrée au montage de la tente pour les filles, au séchage des peaux, au perçage de la glace du lac pour avoir de l’eau, au ramassage de bois pour faire du feu, bref à l’installation du bivouac. Le soir venu, nous serons un peu iniquités par quelques gouttes, Cricri et moi avons prévu de dormir dehors et surtout qui dit pluie dit ciel nébuleux dit mauvais regel nocturne et donc mauvaises conditions pour la voie du lendemain… Nous gardons néanmoins espoir, la météo avait prévu ces quelques gouttes et avait annoncé ensuite une nuit claire, nous verrons bien ce qu’il en est ! Bien réchauffés par le feu nous passons là une excellente soirée. Nous nous couchons dans le brouillard, nous craignons un peu une nuit humide mais finalement une heure après s’être couchés le ciel fini par se dégager laissant place à une belle nuit étoilée ! Depuis mon duvet je peux admirer à la fois la voie lactée et la voie du lendemain dans la face est du Petit Péric ! Vers 7h du matin, réveil en trombe, nous n’avons pas entendu le réveil réglé pour 6h, il fait déjà jour, le soleil ne va pas tarder à réchauffer la glace déjà bien maigre de notre voie orientée plein est…. Pas grave on se presse, on jette tout le matériel de bivouac dans la tente des filles, on avale un petit déjeuner en 4ème vitesse, on s’équipe et en moins d’une heure nous voilà déjà en route sur les pentes de neige menant à la voie. La face est inondée de soleil, le ciel est pur, l’ambiance est magnifique… ! Les choses sérieuses commencent, la voie démarre par quelques mètres de mixte (glace / rocher), vite avalés par Cricri qui installera un premier relais pour faire monter Fanny. Pendant ce temps Blanca et moi installons un relais au pied de la voie avec une broche et un piolet… plus psychologique qu’autre chose, mais au moins ca permet de garder l’équilibre car nous sommes quand même installés sur une petite plateforme à quelques mètre au dessus de la pente de neige. Lorsque Cricri s’élance dans sa deuxième longueur, je pars à mon tour. Les sensations sont tout de suite très bonnes, je prends mon temps et bien aidé par Blanca et Fanny qui repèrent un petit becquet rocheux au dessus de moi, je peux y mettre un premier point de protection en passant une sangle et c’est rassuré que j’attaque un premier ressaut en glace de quelques mètres. Je pose une broche que je dois cravater ne pouvant pas la visser à fond (ma broche étant trop longue par rapport à l’épaisseur de glace), je continue de grimper toujours détendu et en prenant du plaisir, la glace est assez bonne, les piolets et les crampons mordent très bien. Deuxième broche puis je trouve un piton à gauche dans les rochers à la sortie du ressaut (comme indiqué par le topo), j’hésite un instant à faire un relais, je demande à Cricri et Blanca puis je continue finalement pour gagner du temps en faisant une grande longueur. La suite est tout en glace, encore à l’ombre, la pente est ici plus modérée (50/60°), et c’est avec beaucoup de plaisir que je progresse, je pose régulièrement mes broches, et je parviens finalement à la hauteur de Cricri qui a installé un relais sur un bon becquet, j’en repère un quelques mètres au dessus de lui et m’installe à mon tour après quelques mètres de corde tendue pour le rejoindre. Delà je peux assurer Blanca qui prendra aussi beaucoup de plaisir dans cette longueur, tout en aidant Fanny qui est en est à sa première expérience en alpinisme ! La suite s’annonce plus facile, dans une pente moins raide en neige, Blanca est d’ailleurs un peu déçue que ça ne continue pas sur le même rythme que la première longueur… Nous y partons donc en corde tendue, Cricri et Fanny en ferons de même. Nous avons le temps, Blanca prend donc bien soin de protéger notre ascension, elle arrive même à mettre une broche en grattant un peu la neige de surface, et trouve ça et là quelques becquets à sangles et fissures à coinceurs sur les rochers bordants la pente de neige. Cricri et fanny grimpent plus excentrés dans un terrain mixte. Après quelques dizaines de mètres à grimper comme cela les deux cordées en parallèle, Fanny sur un mouvement anodin pour tenter de planter son piolet dans une touffe d’herbe ressent une vive douleur dans son dos. Je préviens Blanca et lui dit de s’arrêter pour que je puisse rejoindre Fanny à quelques mètres de moi sur la droite. Elle a visiblement très mal au dos, a du mal à respirer et ne peu plus bouger. J’essaye tant bien que mal de l’aider à s’installer le plus confortablement possible à l’endroit ou elle est, mais la douleur persiste, je luis donne deux doliprane pendant que Cricri entame de redescendre sur sa corde fixée en haut à l’aide d’un piton. Nous essayons d’aider au mieux Fanny, Blanca nous rejoint ensuite. Une fois tous les 3 avec Fanny on installe un relais plus à droite sur une petite terrasse herbeuse, et on aide Fanny à s’y installer plus confortablement et en sécurité. Au bout d’environ 1h la douleur ne s’améliorant pas vraiment, nous envisageons de moins en moins la possibilité de finir la voie ni même de s’en échapper en rappel, vu l’état de Fanny nous prendrions des risques inutiles, puis quand bien même nous y arriverions, que faire ensuite, une fois au pied de la voie, à environ 3h de ski du camion… Nous décidons donc d’appeler les secours, sur 4 nous n’avons qu’un seul portable, j’ai oublié le mien au camion, et Cricri et Fanny l’on laissé au bivouac…. Nous essayons avec le téléphone de Blanca, ça ne marche pas, même le numéro des secours… Nous décidons donc que Blanca et moi terminent la course pour revenir au bivouac et retenter de joindre les secours. Après un petit « rangement » du relais, Blanca et moi repartons dans la voie en corde tendue, nous n’essayons pas d’aller plus vite que d’habitude, ce n’est pas le moment de faire une bêtise. Après une première longueur de neige nous parvenons à nous échapper à droite pour rejoindre l’arête nord est et entamer au plus court la redescente vers le bivouac. De là nous trouvons un bon couloir de neige, peu pentu, qui nous ramène en quelques enjambées au fond de la cuvette neigeuse du pied de la voie, nous « brassons » un peu ensuite dans une neige transformée pour parvenir au bivouac, que nous atteignons finalement assez rapidement en moins d’une heure. De là, nous joignons les secours avec le téléphone de Fanny, et après environ 45minutes l’hélicoptère des secours arrive. Nous sommes tendus Blanca et moi, un sauvetage en hélicoptère, en paroi, même par beau temps ce n’est pas anodin…. Nous rangeons pendant ce temps le bivouac et préparons surtout le sac de Fanny que nous allons donner aux secouristes. Le secours prendra du temps mais se déroulera sans aucuns problèmes en plusieurs rotations. Nous nous retrouvons seul Blanca et moi au bivouac, et après avoir avalé rapidement notre repas de midi, nous nous remettons en route sur nos skis. Après quelques minutes nous rejoignons Cricri déposé par l’hélicoptère au refuge des Camporells, il nous rassure sur l’état de Fanny qui est en vol pour l’hôpital de Perpignan. Notre journée se terminera par une montée pénible pour couvrir les 200m de dénivelé qui séparent le refuge du sommet de la station de Formiguère, en plein soleil avec nos sacs chargés, puis ensuite par une agréable descente sur les pistes désertes de la station de Formiguère, je suis ravi de mes skis, malgré le chargement j’arrive à skier à peu près correctement ! De retour au camion Fanny nous rassure par téléphone sur son état, elle râle de devoir attendre aux urgences, c’est qu’elle doit aller mieux alors ! ;) Pour ce long weekend pascal, destination les Calanques entre Marseille et Cassis pour 3 jours de grandes voies dans un cadre majestueux! CAF de Toulouse et de Mazamet regroupés nous nous retrouvons vendredi soir au camping des cigales à Cassis ou l’accueil est toujours aussi....particulier ! Nous serons en tout une dizaine ce weekend : Fanny, Blanca, Seb, Cricri, Elise, Eric, Mariane, Hélène, Damien et moi. Samedi 04 avril: Pour Elise, Eric, Blanca et moi direction le secteur Eissaïdon aujourd’hui avec pour objectif « Sur les traces de Gaston », une voie recommandée par Seb, Criciri et Héléne qui en ont gardé un très bon souvenir... Nous parvenons au pied de la voie après 1h de marche d’approche toujours aussi agréable, au travers de la garrigue, avec la mer et les falaises en toile de fond. Le départ de la voie est au ras de l’eau et cela durera pendant les 3 première longueurs, vers 10h~10h30 Blanca s’élance dans la première longueur (5c), et dès les premiers mètres, ambiance typiquement « Calanques » : Blanca nous lance « mais il n’y a plus de voie, il y’a de l’eau ! », effectivement, après 10m, la falaise est coupée par un chenal étroit d’environ 1m obligeant à quelques acrobaties pour passer de l’autre coté sur des prises un peu lisses finalement plus « dépayasant » que difficile... ! La suite toujours au ras de l’eau j’enchaine avec la deuxième longueur (4c) plus classique, tandis que la troisième longueur (4b) offre une re-descente droit vers la mer ! Nous enjambons de nouveau la grande bleue à deux reprises, le rocher noirci par la mer n’inspire pas confiance, ce qui s’avérera complètement faux ! Bien au contraire ! Nos chaussons sont comme collés à la paroi, et nos doigts sont meurtris par de micros aspérités particulièrement aiguisées ! Mieux vaut ne pas tomber ici au risque de se faire de belles pizzas ! Je me presse de sortir de ce trou, l’eau n’est à que quelques cm au dessous de mes pieds et j’ai l’impression (fausse) qu’une vague plus grosse que les autres va arriver ! Retour au soleil, je pars dans la 4ème longueur (5b) verticale cette fois, sur une très belle arête pleine de petites prises, je relaye 30m au dessus de l’eau dans un grand trou traversant la paroi de part en part dans lequel le Mistral s’engouffre et par effet venturi me glace de la tête au pied ! Mais quelle ambiance ! La suite, Blanca s’élance dans une traversée (5c), très fine et très « gazeuse » ! Nous arrivons maintenant au fond d’une sorte de gigantesque cheminée, nous sommes à 30m au dessus de l’eau et environ 50m au dessus de nous, nous apercevons maintenant le sommet de la voie ! Les choses sérieuses commencent, fini les vacances au bord de l’eau, l’ambiance change radicalement, je m’élance donc dans la 6ème longueur (6a) en traversée ascendante, dans un rocher « moutonné » avec de belles prises parfois un peu rondes quand même... J’arrive quasiment à enchainer la longueur, je bute néanmoins sur le dernier pas, hyper impressionnant avec de petites prises, je fais donc une pause sur la dernière dégaine avant d’en terminer... Blanca me rejoint et part à son tour dans « LA » longueur de la voie. Une magnifique longueur verticale (6a), sur de grosses prises, dans un rocher exceptionnel ! Blanca se régale, et moi aussi ! Nous ressortons au soleil et profitons de la vue plongeante extraordinaire, que nous offre ce 7ème relais sur la voie, plus bas Elise en termine avec la traversée plein gaz en 6a.... je suis passé là en tête ? J’ai encore du mal à réaliser... ! Je pars enfin pour la dernière longueur (5c), courte mais jolie, quelle joie en arrivant au sommet ! Blanca me rejoint, nous voici maintenant en haut de cette aiguille sur laquelle Gaston Rébuffat s’était fait photographié ! Nous avons bien marché sur ces traces ! Nous savourons ces instant, rejoins quelque minutes plus tard par Eric et Elise tout aussi enchantés que nous ! Quelle belle première journée ! Dimanche 05 avril: On ne change pas une équipe qui gagne ! Nous repartons donc Elise et Eric, Blanca et moi avec dans l’idée d’aller se frotter à la Gutenberg dans le socle de la Candelle ! Une voie plus courte qu’hier mais aussi plus technique, 4 longueurs : 6a, 6a, 6a+, 6a+.... Ne grimpant dans le 6a que depuis très récemment, c’est un sacré défi pour moi ! Le ciel est gris et froid lorsque nous arrivons au pied de la voie, mais nous partons malgres tout. Je laisse la première longueur à Blanca ayant une épaule douloureuse et surtout la « pétoche » (je dois bien l’avouer...), qui mettra tout de suite dans l’ambiance, une bien belle longueur, sur des prises pas toujours très franches, bien défendue par deux ressauts assez fins, ça promet ! Rassuré sur mon épaule (mais toujours avec la pétoche) je pars en suivant dans la deuxième longueur, je suis saisi d’entrée de jeux, avec un bon petit combat pour mettre la deuxième dégaine, je passe néanmoins après un petit repos sur celle-ci.... à ce moment là je me dis que la journée risque d’être longue si je dois me reposer sur chaque points... La suite, encore plus difficile, j’arrive maintenant au pied d’une sorte de petit dièdre, avec un belle fissure, bien technique et athlétique. Première tentative, je pars trop vite, je me retrouve avec les mains inversées, en mode « crapaud » et ça ne pardonne pas, je me « pète » un peu les bras et avant d’attraper les fameuses « bouteilles » (quand les avant bras se durcissent comme des bouteilles...) je me repose à nouveau sur la dernière dégaine posée... J’en profite pour bien regarder le « pas », je réfléchi, je me clame, je me détends les bras, et je repars, en oubliant la peur et cette fois ça passe ! Je me surprends moi même de la facilité avec laquelle je passe au final et je laisse échapper un « putain s’était bien la peine de se péter les bras... tu vois quand tu veux ! » ... L’escalade c’est dans la tête... La suite est bien plus facile, je parviens sans difficultés au relais suivant au pied d’un grand dièdre au rocher sculpté. Blanca me rejoint et enchaine aussitôt dans la troisième longueur en 6a+, elle se régale sur les premiers mètres dans un rocher à trous excellent, coloré agréable et facile à grimper, les difficultés seront pour plus haut, une fois dans le dièdre, les pieds se font plus petits, voire en adhérence et en opposition, un pied de chaque coté avec le vide entre les jambes... Les derniers mètres offriront un peu de résistance à Blanca qui s’en sortira sans problème, un peu fin pour sortir du dièdre ! Nous parvenons désormais sur une grande terrasse, et le soleil aidant, ainsi que le grand plaisir que j’ai eu à grimper dans la dernière longueur, je m’élance dans cette quatrième et dernière longueur complètement libéré et motivé par Blanca ! Le départ est facile mais dans un rocher douteux obligeant à grimper en faisant des « pas de chat »,la paroi se redresse maintenant, et après une petite traversée délicate, me voila sous la partie déverssante de la longueur... Je trouve un bon repos sur de grosses prises, je parviens même à coincer un genou, je me détends, je souffle, et après avoir mémorisé les mouvements, je m’élance ! Je passe un premier pas déversant, je clipe une dégaine, je retrouve une position de repos, je me surprends moi même, puis je continue, j’observe calmement, j’enchaine phases de repos et phases plus intenses...et je fini au relais ! Mon premier 6a+ à vue, et enchainé... J’explose de joie, j’en oublie l’inconfort de ce dernier relais, je fais monter Blanca nous partageons quelques courts instants là haut avant de laisser la place pour Eric et Elise en entamant la descente en rappel. Après cette belle voie, et un repas au soleil bel et bien de retour, Blanca sur-motivée s’élance dans une nouvelle voie, cotée 5c sur le topo, mais équipé engagé (points très loins) patinée, aux prises fourrées voire poisseuses... Bref arrivée au deuxième point abandon, je fais une tentative et arrivé sur ce même deuxième point je renonce moi aussi, de toutes façons j’étais partis sans dégaines...(quel idiot) Nous abandonnons cette voie et après quelques hésitations je m’élance dans les deux premières longueurs du Temple, 4c et 5c qu’ils disaient ! Là encore, je suis surpris par la voie et par sa cotation, après avoir enchainé un 6a+ le matin, ça vous remet les pieds sur terre ! Pendant ce temps Eric et Elise se feront eux aussi leur « chantier » dans une voie cotée facile sur le topo... Pire encore ils coinceront le rappel à la descente les obligeant à remonter par un 6a.... Fin de journée un peu difficile, mais très vite nous ne garderons que les meilleurs moments de la Gutemberg, bien aidés par le soleil couchant sur la calanque de Sugiton, magnifique ! Le soir, même programme, bières, saucisson et bonne ambiance, plus chaude cette fois sans le mistral ! La cordée Fanny, Mariane et Cricri s’est bien marrée visiblement ! Lundi 06 avril: Changement de secteur aujourd’hui ! Nous partons tous à l’est de Cassis sur les falaises de Cap Canaille. Changement de secteur donc, changement de rocher aussi (le calcaire est ici remplacé par du grés et du conglomérat) mais pas de changement de cordée pour moi, je repars avec Blanca pour une nouvelle aventure, nous avons été efficaces jusqu’ici, il n’y a pas de raisons que ça change ! Nous seront aujourd’hui suivis de près par une cordée de 3 : Mariane, Fanny et Cricri. Une cordée de deux et une cordée de trois dans la voie 2 vaurien et 3 canailles.... On n’a pas fait exprès ! C’est du sérieux aujourd’hui aussi, 7 longueurs dont deux en 6a et deux 6a+... Je laisse une nouvelle fois la main à Blanca, sur-motivée, elle démarre dans le premier toit, on nous avait prévenu, le départ est athlétique.... Mais très vite nous commençons à avoir des doutes, ayant vu pour ma part Blanca grimper ces derniers jours je trouve qu’elle éprouve plus de difficultés qu’à l’accoutumée... les jurons en Espagnol fusent... ! Blanca se repose quasiment sur chaque point mais parvient finalement au relais, quel mental, quelle détermination ! D’autre grimpeurs passent au pied de la voie, nous en profitons pour vérifier sur leur topo plus détaillé, nos doutes sont confirmés, nous avons envoyé Blanca trop à droite dans un 6c.... Sont premier 6c en tête ! Elle redescendra en un éclair en rappel et en déséquipant la voie, elle est exténuée, ses bras sont durs comme de la pierre (les fameuses « bouteilles ») mais toujours motivée ! Nous tirons le rappel en attendant et patatras, la corde se coince.... décidément la journée commence mal....heureusement nous voyons assez vite le problème, les deux cordes sont totalement entortillées ! Nous prenons chacun un brin avec Cricri, tournons autour l’un de l’autre et après une vingtaine de tours, la corde vient à nouveau...ouf ! Avec tout cela il est déjà 11h30 et nous sommes encore au pied de la voie, le sommet est environ 100m plus haut... Je démarre dans dans la première longueur pour laisser le temps à Blanca de se remettre un peu de ses émotions... Une longueur hétérogène avec un premier pas athlétique en 6a, suivi d’une séance de rampage sur une vire ascendante sous un toit bien bas... mon casque et mes genoux s’en souviendrons, c’est néanmoins génial, ludique, et si particulier à cette falaise. Blanca enchaine dans la deuxième longueur (5c), nous sommes dépaysés, le rocher est rond, et offre tantôt de gros bacs, tantôt des prises rondes en adhérence... Les chosent se corsent dans la 3ème longueur en 6a+, je m’élance sous un petit toit au départ de la longueur par lequel on ressort sur de petites prises fuyantes et des petits pieds en adhérence.... Il ne m’en faudra pas plus pour que j’attrape la dégaine pour me hisser... tant pis je n’enchainerai pas un deuxième 6a+ aujourd’hui... Vient ensuite une traversée assez fine, mais je m’en sors finalement assez bien et je parviens au dessus sous une partie déversante fournie d’énormes prises... Je me régale, ici on rentre carrément les bras et les genoux dans la falaise, on se retrouve parfois a crocheter une lunule avec le bras en entier, c’est hyper rassurant malgré le « gaz » et le dévers, et ça permet de bien souffler, c’est de plus en plus beau, de plus en plus sculpté, j’enchaine toute la suite de la longueur jusqu’au relais installé dans une grande grotte ! Fabuleux, je fais monter Blanca, Cricri nous rejoins ensuite, nous voici maintenant tous les 3 dans cette grotte, suspendus 100 m au dessus de l’eau ! Blanca repars dans longueur suivante en 6a+ elle aussi hyper aérienne... La sortie de la grotte est d’anthologie, cela consiste à s’accroupir, saisir une énorme prise avec la main droite, passer la tête en dehors de la grotte, envoyer le pied gauche sur une petite réglette, basculer son poids dans le vide (ou plutôt ses fesses...) et envoyer la main gauche très haut sur un énorme bac ! Facile, mais hyper impressionnant ! La suite est magnifique, le grès est sculpté, les prises sont énormes, on oublie que sa déverse par endroit ! La longueur suivante (6a) est parait-il la plus belle longueur de la voie et vue la beauté de ce qu’on vient de faire ça promet... j’ai la chance d’y partir en tête ! Le départ me surprend un peu, un passage athlétique en « dulffer » dans une large fissure un peu patinée me tire dans les bras... Je paye les efforts des derniers jours et je dois me résoudre à me reposer dans la dégaine. Ce n’est pas grave, je sais déjà que je reviendrai ! La suite... comment dire ? Féerique ? Fantastique ? Surréaliste ? Les mots me manquent... en fait Cap Canaille c’est comme un tableau impressionniste, c’est une falaise oui, mais tout est exagéré, les couleurs, les formes, la lumière... Bref comment décrire, après ce repos sur ma dégaine dans la fissure, je continue de monter pour m’enfoncer de plus en plus dans un immense boyaux, je disparait complètement, comme mangé par la falaise, devant, du rocher, derrière du rocher, au dessus du rocher, seul subsiste le vide entre mes pieds et un étroit passage vers la gauche vers la lumière... Je m’y engouffre, sa frotte de partout, je dois me comprimer façons contorsionniste pour parvenir à monter, je lance un pied de chaque coté de ce qui ressemble désormais à une immense écaille, le vide et le bleu de la méditerranée entre les jambes.... Vous avez dit féérique ? Quel bonheur d’être ici ! La sortie de boyaux est tout aussi belle, on grimpe sur un empilement de « cookies » ou d’assiettes énormes, on les saisis à pleine mains, on monte dessus, on se coince dedans, on fait attention à ne pas abimer, c’est tellement beau ça sera dommage de casser ces sculptures.... Je ressors au soleil sur une vire un peu délitée, et un peu euphorique je rate le relais et contraint par le tirage, j’installe finalement notre relais dans une solide lunule. Blanca me rejoins, le sourire au lèvres, je l’entends crier de joie pendant son ascension... Elle enchainera rapidement avec une courte longueur très facile sur une vire horizontale (3b). Nous parvenons au pied de la dernière longueur, le grès laissant place cette fois au conglomérat (galets et graviers liés entre eux par une sorte de grès / calcaire, ressemblant de loin à un béton grossier).... Je n’ai jamais grimpé la dedans, je m’élance dans cette dernière longueur (6a). Je grimpe à nouveau en mode « chat », j’ai peur de casser les prises, je fais doucement, je ne serre pas, je ne tracte pas sur mes bras. C’est curieux, j’ai peur que les prisent cassent, mais je n’ai pas peur... C’est comme si je ne voulais tout simplement pas abimer... Après quelques difficultés à trouver la voie, je parviens sous un toit particulièrement déversant pour mes petits bras fatigués après ces 3 jours. Je fais une première tentative, ça n’a pas l’air compliqué, mais je ne le sens pas... Un autre grimpeur, m’indiquera quelque instant après que je ne suis pas la bonne voie... Ici c’est du 6b ! Ok je comprends maintenant, je désescalade 10m faciles jusqu’au relais, récupère 3 dégaines et repars cette fois dans la bonne voie ! C’est tout de suite plus facile, et je me régale, je profite de ces derniers instants de grimpe, je sais que l’instant est précieux, je profite et je me régale de grimper, je suis libéré.... ! Nous profiterons ensuite des ces instant magiques en haut de la voie rejoins par les 3 canailles de l’autre cordée ! Ce weekend exceptionnel s’achève, vite quand est-ce que on remet ça ???!!! Merci à tous : Blanca, Seb, Eric, Cricri, Elise , Fanny, Hélène, Damien, Mariane |
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Novembre 2020
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