Et c’est reparti avec la fine équipe ce weekend ! Pour continuer dans la lancée de notre super séjour dans les Calanques, on se retrouve en ce samedi matin Fanny, Blanca, Cricri et moi du coté de Fanjeaux dans l’Ariège, direction la montagne cette fois avec pour objectif la goulotte du Génépy (D-) au Petit Péric. Changement d’ambiance par rapport au weekend dans les Calanques, nous partons cette fois en ski et chargé comme des mules avec tout le matériel de bivouac et d’alpinisme… Les premiers mètres de dénivelés à remonter les pistes de ski de Formiguère font vite chauffer les muscles, d’autant qu’un soleil radieux nous inonde de chaleur et de lumière… Ce sont les premiers mètres pour moi avec mes propres skis de randonnée, les sensations sont bonnes malgré le poids du sac, nous avançons lentement mais surement. La montée sera ponctuée par la découverte d’un iphone, qui à visiblement passé tout l’hiver ici dans la neige (marche-t-il encore ??), puis sur le haut par quelques portions sans neige obligeant à déchausser plusieurs fois. Nous atteignons le sommet de la station, la Serre Mauri à 2400m d’altitude, vers une heure de l’après midi. Pause déjeuner face au Petit Péric ou nous pouvons admirer et étudier la voie prévue le lendemain : la goulotte du Génépy qui semble encore offrir suffisamment de glace dans sa première partie, tandis que sa seconde partie semble plutôt être du terrain mixte : neige, glace, rocher et touffes d’herbes… Après cette pause déjeuner nous entamons une courte descente vers le refuge des Camporells, tout comme Cricri je tente de descendre en gardant les peaux sous les skis mais j’en serais vite dissuadé et je terminerai à pied avec Blanca et Fanny. Quelques minutes plus tard, après avoir dépassé le refuge et remontés quelques dizaines de mètres de dénivelé nous voici au lieu de bivouac, l’endroit est rêvé, un petit bosquet de pins à crochet offre une pelouse jaunie par l’hiver mais vierge de neige, le tout à proximité d’un petit lac glacé et à moins de 15 minutes du départ de la voie….que voulez-vous de plus ? L’après midi sera consacrée au montage de la tente pour les filles, au séchage des peaux, au perçage de la glace du lac pour avoir de l’eau, au ramassage de bois pour faire du feu, bref à l’installation du bivouac. Le soir venu, nous serons un peu iniquités par quelques gouttes, Cricri et moi avons prévu de dormir dehors et surtout qui dit pluie dit ciel nébuleux dit mauvais regel nocturne et donc mauvaises conditions pour la voie du lendemain… Nous gardons néanmoins espoir, la météo avait prévu ces quelques gouttes et avait annoncé ensuite une nuit claire, nous verrons bien ce qu’il en est ! Bien réchauffés par le feu nous passons là une excellente soirée. Nous nous couchons dans le brouillard, nous craignons un peu une nuit humide mais finalement une heure après s’être couchés le ciel fini par se dégager laissant place à une belle nuit étoilée ! Depuis mon duvet je peux admirer à la fois la voie lactée et la voie du lendemain dans la face est du Petit Péric ! Vers 7h du matin, réveil en trombe, nous n’avons pas entendu le réveil réglé pour 6h, il fait déjà jour, le soleil ne va pas tarder à réchauffer la glace déjà bien maigre de notre voie orientée plein est…. Pas grave on se presse, on jette tout le matériel de bivouac dans la tente des filles, on avale un petit déjeuner en 4ème vitesse, on s’équipe et en moins d’une heure nous voilà déjà en route sur les pentes de neige menant à la voie. La face est inondée de soleil, le ciel est pur, l’ambiance est magnifique… ! Les choses sérieuses commencent, la voie démarre par quelques mètres de mixte (glace / rocher), vite avalés par Cricri qui installera un premier relais pour faire monter Fanny. Pendant ce temps Blanca et moi installons un relais au pied de la voie avec une broche et un piolet… plus psychologique qu’autre chose, mais au moins ca permet de garder l’équilibre car nous sommes quand même installés sur une petite plateforme à quelques mètre au dessus de la pente de neige. Lorsque Cricri s’élance dans sa deuxième longueur, je pars à mon tour. Les sensations sont tout de suite très bonnes, je prends mon temps et bien aidé par Blanca et Fanny qui repèrent un petit becquet rocheux au dessus de moi, je peux y mettre un premier point de protection en passant une sangle et c’est rassuré que j’attaque un premier ressaut en glace de quelques mètres. Je pose une broche que je dois cravater ne pouvant pas la visser à fond (ma broche étant trop longue par rapport à l’épaisseur de glace), je continue de grimper toujours détendu et en prenant du plaisir, la glace est assez bonne, les piolets et les crampons mordent très bien. Deuxième broche puis je trouve un piton à gauche dans les rochers à la sortie du ressaut (comme indiqué par le topo), j’hésite un instant à faire un relais, je demande à Cricri et Blanca puis je continue finalement pour gagner du temps en faisant une grande longueur. La suite est tout en glace, encore à l’ombre, la pente est ici plus modérée (50/60°), et c’est avec beaucoup de plaisir que je progresse, je pose régulièrement mes broches, et je parviens finalement à la hauteur de Cricri qui a installé un relais sur un bon becquet, j’en repère un quelques mètres au dessus de lui et m’installe à mon tour après quelques mètres de corde tendue pour le rejoindre. Delà je peux assurer Blanca qui prendra aussi beaucoup de plaisir dans cette longueur, tout en aidant Fanny qui est en est à sa première expérience en alpinisme ! La suite s’annonce plus facile, dans une pente moins raide en neige, Blanca est d’ailleurs un peu déçue que ça ne continue pas sur le même rythme que la première longueur… Nous y partons donc en corde tendue, Cricri et Fanny en ferons de même. Nous avons le temps, Blanca prend donc bien soin de protéger notre ascension, elle arrive même à mettre une broche en grattant un peu la neige de surface, et trouve ça et là quelques becquets à sangles et fissures à coinceurs sur les rochers bordants la pente de neige. Cricri et fanny grimpent plus excentrés dans un terrain mixte. Après quelques dizaines de mètres à grimper comme cela les deux cordées en parallèle, Fanny sur un mouvement anodin pour tenter de planter son piolet dans une touffe d’herbe ressent une vive douleur dans son dos. Je préviens Blanca et lui dit de s’arrêter pour que je puisse rejoindre Fanny à quelques mètres de moi sur la droite. Elle a visiblement très mal au dos, a du mal à respirer et ne peu plus bouger. J’essaye tant bien que mal de l’aider à s’installer le plus confortablement possible à l’endroit ou elle est, mais la douleur persiste, je luis donne deux doliprane pendant que Cricri entame de redescendre sur sa corde fixée en haut à l’aide d’un piton. Nous essayons d’aider au mieux Fanny, Blanca nous rejoint ensuite. Une fois tous les 3 avec Fanny on installe un relais plus à droite sur une petite terrasse herbeuse, et on aide Fanny à s’y installer plus confortablement et en sécurité. Au bout d’environ 1h la douleur ne s’améliorant pas vraiment, nous envisageons de moins en moins la possibilité de finir la voie ni même de s’en échapper en rappel, vu l’état de Fanny nous prendrions des risques inutiles, puis quand bien même nous y arriverions, que faire ensuite, une fois au pied de la voie, à environ 3h de ski du camion… Nous décidons donc d’appeler les secours, sur 4 nous n’avons qu’un seul portable, j’ai oublié le mien au camion, et Cricri et Fanny l’on laissé au bivouac…. Nous essayons avec le téléphone de Blanca, ça ne marche pas, même le numéro des secours… Nous décidons donc que Blanca et moi terminent la course pour revenir au bivouac et retenter de joindre les secours. Après un petit « rangement » du relais, Blanca et moi repartons dans la voie en corde tendue, nous n’essayons pas d’aller plus vite que d’habitude, ce n’est pas le moment de faire une bêtise. Après une première longueur de neige nous parvenons à nous échapper à droite pour rejoindre l’arête nord est et entamer au plus court la redescente vers le bivouac. De là nous trouvons un bon couloir de neige, peu pentu, qui nous ramène en quelques enjambées au fond de la cuvette neigeuse du pied de la voie, nous « brassons » un peu ensuite dans une neige transformée pour parvenir au bivouac, que nous atteignons finalement assez rapidement en moins d’une heure. De là, nous joignons les secours avec le téléphone de Fanny, et après environ 45minutes l’hélicoptère des secours arrive. Nous sommes tendus Blanca et moi, un sauvetage en hélicoptère, en paroi, même par beau temps ce n’est pas anodin…. Nous rangeons pendant ce temps le bivouac et préparons surtout le sac de Fanny que nous allons donner aux secouristes. Le secours prendra du temps mais se déroulera sans aucuns problèmes en plusieurs rotations. Nous nous retrouvons seul Blanca et moi au bivouac, et après avoir avalé rapidement notre repas de midi, nous nous remettons en route sur nos skis. Après quelques minutes nous rejoignons Cricri déposé par l’hélicoptère au refuge des Camporells, il nous rassure sur l’état de Fanny qui est en vol pour l’hôpital de Perpignan. Notre journée se terminera par une montée pénible pour couvrir les 200m de dénivelé qui séparent le refuge du sommet de la station de Formiguère, en plein soleil avec nos sacs chargés, puis ensuite par une agréable descente sur les pistes désertes de la station de Formiguère, je suis ravi de mes skis, malgré le chargement j’arrive à skier à peu près correctement ! De retour au camion Fanny nous rassure par téléphone sur son état, elle râle de devoir attendre aux urgences, c’est qu’elle doit aller mieux alors ! ;)